Une dépense de santé jugée "incontrôlable"
Entre 2019 et 2023, les dépenses de santé en France ont bondi de +20 %, représentant aujourd'hui 11,5 % du PIB, selon la Drees. Face à cette augmentation continue, la Mutualité française, qui regroupe la majorité des mutuelles santé, tire la sonnette d'alarme.
Des remboursements allégés sur des équipements clés
Dans un entretien aux Echos, son président Eric Chenut propose de revoir les conditions de remboursement des équipements optiques et auditifs.
Parmi les mesures envisagées :
- Lunettes remboursées seulement tous les 3 ans au lieu de 2 aujourd'hui.
- Prothèses auditives prises en charge tous les 5 ans, contre 4 actuellement.
Objectif ? Lutter contre une "pseudo-gratuité" qui pousserait à la surconsommation, selon lui.
Une baisse drastique des montants remboursés
Autre proposition forte : réduire le montant maximal de remboursement. La monture de lunettes, par exemple, ne serait plus remboursée qu'à hauteur de 30 euros, contre 100 euros aujourd'hui.
Même sort pour les culottes menstruelles, qui pourraient ne plus être remboursées du tout. Les soins dentaires et la pose de prothèses seraient également concernés par cette remise à plat.
Le contrat responsable et solidaire, actuellement soutenu par des avantages fiscaux, pourrait être recentré sur les seuls "soins essentiels". Les garanties superflues seraient donc écartées. Un changement de cap qui redéfinirait les priorités de couverture santé.
Une promesse de baisse des cotisations à double tranchant
En contrepartie, la Mutualité promet une baisse des cotisations allant de −20 à −25 %. Une bonne nouvelle pour le portefeuille ? Pas si sûr. Car cette réduction s'accompagne d'une couverture amoindrie, ce qui pourrait impacter directement les patients les plus vulnérables.
Des discussions en cours avec les assureurs et l'exécutif
Ces propositions sont actuellement discutées avec les assureurs privés, et un rapport devrait être remis à l'exécutif dans les prochains jours. Si elles sont adoptées, ces mesures pourraient entrer en vigueur dès 2025.
Des lunettes plus chères, des prothèses moins accessibles : la santé pourrait devenir un luxe pour certains. Cette réforme, si elle se concrétise, risque de rebattre les cartes pour des millions d'assurés. Reste à voir si l'État validera cette stratégie délicate.