La convention de quasi-usufruit
On vous explique tout sur ce concept convention de quasi-usufruit.
Ah, le quasi-usufruit ! Vous avez peut-être déjà entendu ce terme barbare lors d'une conversation avec des connaissances, ou peut-être lors d'une discussion avec votre notaire, et vous vous êtes dit : "Mais de quoi parlent-ils ?" Ne vous inquiétez pas, aujourd'hui, nous allons décortiquer ensemble ce concept pour le rendre aussi clair que l'eau de roche. Prêts ? C'est parti !
Bon, avant de plonger dans les méandres de la convention de quasi-usufruit, faisons un petit rappel sur deux notions fondamentales pour comprendre le sujet de notre article : l’usufruit et le quasi-usufruit.
L'usufruit est ce droit particulier qui sépare les différents attributs de la propriété d'un bien. Pensez à cela comme à une manière de partager la propriété d’un bien entre différentes personnes : celui qui a l'usufruit, ou l'usufruitier, bénéficie du droit d'utiliser le bien (usus) et d'en tirer des revenus (fructus). Cela peut vouloir dire habiter dans une maison ou encaisser des loyers, sans pour autant être le propriétaire plein et entier. Le nu-propriétaire, quant à lui, possède ce qu'on appelle la nue-propriété, soit le droit de disposer du bien à sa guise (le vendre, le donner). C’est ce qu’on appelle un démembrement de propriété. Une fois la période d’usufruit terminée, le nu-propriétaire récupère l’usus et le fructus, et il devient alors pleinement propriétaire du bien.
Il existe différentes manières d'accéder à l'usufruit, parmi lesquelles figurent notamment les options suivantes.
Lorsqu'une personne perd son époux ou son épouse, elle a la possibilité de se voir attribuer l'usufruit de l'ensemble de l’actif successoral de son défunt époux. Cette option est envisageable à condition que les époux aient été unis par le mariage et que tous les enfants du défunt soient issus de cette union, ou dans le cas où une donation entre époux a été établie pendant leur vie.
Les détenteurs de biens immobiliers ont la faculté de planifier la transmission de leur patrimoine en effectuant une donation de la nue-propriété de leurs actifs à leurs descendants, tout en se réservant l'usufruit. Cette démarche permet aux héritiers de devenir nus-propriétaires tout en bénéficiant de réductions significatives sur les droits de donation. Quant aux donateurs, ils conservent le droit d'occuper le bien jusqu'à leur décès ou de le mettre en location s'ils choisissent de ne plus y résider, car ils en conservent la jouissance.
Les détenteurs de propriétés peuvent aussi opter pour la cession de la nue-propriété de leur bien tout en conservant un usufruit, soit viager dans le cadre d'une vente en nue-propriété, soit pour une période déterminée via un démembrement temporaire. En adoptant cette stratégie, ils obtiennent le statut d'usufruitiers et peuvent percevoir jusqu'à 70% de la valeur du bien sous forme de capital. Le prix de la vente peut être employé selon leurs besoins, que ce soit pour financer des travaux, léguer des actifs à leurs proches, investir dans un nouvel achat immobilier ou simplement pour augmenter leurs revenus.
Quant au quasi-usufruit, la donne change légèrement, notamment parce qu'il concerne des biens d'une nature particulière : les biens consommables, tels que de l'argent, les denrées périssables ou encore les produits contenus dans un fonds de commerce. Imaginez qu'on vous confie les clés d'une voiture, non pas pour la garder mais pour l'utiliser à votre guise, avec cependant une obligation : celle de restituer, à terme, un bien de valeur équivalente. Le quasi-usufruit permet ainsi de "consommer" le bien, mais en garantissant au propriétaire initial, ou nu-propriétaire, une forme de compensation ou de restitution à la fin de la période d'usufruit. Généralement, les biens consommés dans le cadre du quasi-usufruit sont restitués au décès de l’usufruitier sous la forme d’un prélèvement sur le montant de sa succession. Le montant ainsi prélevé est alors accordé à l’ancien nu-propriétaire, devenu plein propriétaire au décès de l’usufruitier. En France, d’un point de vue juridique, le quasi-usufruit est encadré par l’article 587 du Code civil.
Ces précisions étant apportées, nous sommes maintenant armés pour explorer plus en détail ce que recouvre exactement la convention de quasi-usufruit, et pourquoi elle est si pertinente, notamment pour les retraités français soucieux de gérer au mieux leur patrimoine.
Dans le contexte du quasi-usufruit, où l'usufruitier est libre d'utiliser des biens consomptibles, tels que l'argent, à sa guise, une question centrale se pose : comment s'assurer que les droits du nu-propriétaire sont bien protégés, surtout quand on sait que le bien en question est destiné à être consommé ou même à disparaître ? La réponse réside dans la mise en place d'une convention de quasi-usufruit.
Cette convention n'est pas obligatoire, mais elle peut s'avérer intéressante pour définir clairement les droits et les obligations de chaque partie. Elle précise l'objet du quasi-usufruit, en détaille les conditions et fixe les modalités de restitution du bien à la fin de la période d'usufruit. En d'autres termes, elle établit un cadre légal qui assure que, même si le bien initial n'existe plus, le nu-propriétaire recevra des biens de nature identique, en quantité équivalente et dans un état similaire à celui d'origine, ou bien une compensation adéquate.
De plus, cette convention joue un rôle crucial au moment de la succession de l'usufruitier. Elle formalise l'existence d'une dette de restitution, ce qui permet de clarifier la situation patrimoniale et de prévenir d'éventuels conflits entre héritiers. En d’autres termes, lorsqu’une convention de quasi-usufruit est conclue, l’usufruitier (qui est également quasi-usufruitier) contracte une forme de dette auprès du nu-propriétaire. La convention ne fait que donner le cadre juridique qui encadre cette créance et fixe un prix pour les biens compris dans la convention de quasi-usufruit afin d’éviter tout malentendu, déception ou même conflit au décès de l’usufruitier.
En somme, la convention de quasi-usufruit n'est pas seulement un outil de clarification et de sécurisation des transactions entre usufruitier et nu-propriétaire ; elle est aussi un moyen d'assurer une transition en douceur et sans ambiguïté pour les générations futures.
Le quasi-usufruit légal se déclenche de lui-même, sans qu'un accord explicite ne soit nécessaire. Prévu par la loi, il intervient souvent lors d'une succession, comme lorsqu'un conjoint survivant hérite de l'usufruit d'une somme d'argent au décès de son époux. Ce statut lui permet d'utiliser librement ces fonds pour ses besoins personnels, investissements, ou loisirs. Toutefois, il doit, en contrepartie, restituer une somme équivalente au nu-propriétaire à la fin de l'usufruit. Cette obligation garantit l'équilibre entre les droits du conjoint survivant et ceux des héritiers, protégeant le patrimoine familial.
Bien que le quasi-usufruit légal offre une certaine flexibilité dans la gestion des biens consomptibles hérités, il présente aussi des limites notables. Par essence, sa mise en œuvre automatique ne permet pas toujours de prendre en compte les spécificités de chaque situation patrimoniale, pouvant mener à des ambiguïtés ou à des déséquilibres entre les intérêts des différentes parties concernées. De plus, l'absence de formalisation spécifique peut compliquer la tâche de restitution des biens ou de leur équivalent en prix, surtout en l'absence de suivi clair des utilisations faites par l'usufruitier.
Face à ces limites, la convention de quasi-usufruit émerge comme une solution précieuse. Elle permet de définir clairement les modalités d'usage et de restitution des biens, en tenant compte des attentes et des besoins de tous.
Le quasi-usufruit conventionnel se distingue par son approche personnalisée et formalisée, répondant directement aux limites du quasi-usufruit légal. Contrairement à ce dernier, qui s'applique automatiquement en vertu de la loi, le quasi-usufruit conventionnel résulte d'un accord explicite entre l'usufruitier et le nu-propriétaire. Cette convention permet une adaptation sur mesure aux situations particulières, offrant une réponse adaptée aux besoins spécifiques des parties impliquées.
L'utilité du quasi-usufruit conventionnel réside dans sa capacité à préciser les droits et obligations de chacun, en termes d'usage du bien consomptible et de sa restitution. Par exemple, dans le cas d'une somme d'argent, la convention peut détailler les conditions d'utilisation de cette somme par l'usufruitier, ainsi que les modalités de restitution du montant équivalent au nu-propriétaire. Elle peut également stipuler des garanties ou des mécanismes de suivi pour s'assurer que les engagements seront respectés, ce qui sécurise l’argent qui fait objet d’une créance et protège les intérêts de toutes les parties.
Ainsi, le quasi-usufruit conventionnel offre une structure claire et sécurisée, indispensable pour gérer efficacement les biens consomptibles dans un cadre successoral ou patrimonial. Cette démarche préventive est plus que recommandée pour éviter les litiges et garantir l'équité entre l'usufruitier et le nu-propriétaire.
La convention de quasi-usufruit, c'est un peu comme le mode d'emploi qui accompagne votre le quasi-usufruit. C’est un acte juridique qui détaille les droits et obligations de l'usufruitier (celui qui bénéficie du bien) et du nu-propriétaire (celui qui possède le bien). Cette convention précise notamment :
En résumé, cette convention est là pour assurer que tout se passe bien, que l'usufruitier puisse jouir du bien consommable tout en garantissant que le nu-propriétaire retrouvera son bien, ou plutôt sa valeur, à la fin du terme convenu.
Il arrive fréquemment qu’un parent soit usufruitier tandis que ses enfants sont nus-propriétaires indivis. C’est notamment le cas lorsque le conjoint survivant décide d’opter pour l’intégralité de la succession de son défunt conjoint en usufruit. Dans ce cas, le parent survivant et ses enfants peuvent décider de vendre le bien pour différentes raisons. Ils ont alors plusieurs options pour se partager le prix de la vente.
C’est la façon la plus simple de procéder, et celle qui s’appliquera automatiquement si aucune disposition n’est prise. Dans ce cas, on s’appuiera sur le barème fiscal de la valeur de la nue-propriété et de l’usufruit pour partager le prix de la vente entre les différentes parties.
L’usufruitier peut également recevoir l’intégralité du prix de vente du bien, même s’il n’en était pas pleinement propriétaire mais uniquement usufruitier. Dans ce cas, il faudra prévoir une convention de quasi usufruit pour que l’argent reçu lors de la vente soit restitué aux nus-propriétaires lors de sa succession. Ce dispositif est encadré par l’article 621 du Code civil. Il faut voir cette convention de quasi usufruit comme une forme de créance de l’usufruitier envers les nus-propriétaires. La somme ainsi perçue sera alors prélevée de l’actif successoral de l’usufruitier le moment venu, et restitué aux nus-propriétaires.
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