La rédaction de Skarlett
Publication: 15 octobre 2025Modification: 17 novembre 2025
8 minutes de lecture

Suspension de la réforme des retraites : qui peut partir plus tôt et à quelles conditions ?

Après des mois de tensions politiques et sociales, la suspension de la réforme des retraites de 2023 devient réalité. Cette mesure met fin, pour l’instant, au relèvement progressif de l’âge légal à 64 ans, sans pour autant rétablir les anciens droits pour ceux déjà concernés. Présentée comme un compromis face à la crise politique et aux pressions syndicales, elle redéfinit les conditions de départ pour certaines générations et soulève de nouvelles questions sur l’avenir du système de retraite.

Réforme des retraites suspendue âge départ retraite

Pourquoi cette suspension intervient maintenant ?

Un contexte politique explosif

L'adoption forcée de la réforme via l'article 49.3 en mars 2023 avait cristallisé les oppositions. Deux ans plus tard, l'instabilité parlementaire et la nécessité de former un gouvernement viable ont fait basculer les équilibres. Même d'anciens défenseurs du texte, dont Elisabeth Borne qui l'avait porté, reconnaissent aujourd'hui au Parisien la nécessité d'examiner cette suspension pour garantir la stabilité du pays.

Suspension versus abrogation : la nuance qui change tout

La formulation juridique compte : il s'agit d'une suspension et non d'une abrogation. Cette distinction capitale signifie que les personnes nées à partir du 1er septembre 1961 restent soumises aux nouvelles règles déjà appliquées. Aucun retour en arrière n'est possible pour ceux qui ont déjà liquidé leurs droits sous le nouveau régime. La suspension peut être levée ultérieurement par un vote législatif.

Cette précision déçoit ceux qui espéraient un retour intégral à l'ancien système. Elle explique aussi pourquoi les syndicats parlent de "première étape" plutôt que de victoire définitive.

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À quel âge pourrez-vous partir à la retraite avec la suspension ?

Les règles maintenues : 62 ans et 9 mois, 170 trimestres

La suspension fige les paramètres actuels sans revenir sur les augmentations déjà effectives. Concrètement, voici ce qui s'applique désormais :

  • Âge légal de départ : 62 ans et 9 mois (au lieu de continuer vers 64 ans)
  • Durée de cotisation pour le taux plein : 170 trimestres, soit 42,5 années
  • Âge du taux plein automatique : 67 ans (inchangé)

Ces seuils concernent toutes les générations à partir de 1964, qui voient ainsi leur âge de départ stabilisé au lieu de continuer à reculer chaque année. Pour optimiser votre stratégie patrimoniale en vue de ce départ anticipé, découvrez comment le Plan Épargne Retraite complète votre pension.

Qui gagne combien de mois avec cette suspension ?

Le bénéfice varie considérablement selon votre année de naissance. Voici le détail générationnel :

GénérationÂge prévu par la réforme 2023Âge avec suspensionGain
196362 ans et 9 mois62 ans et 9 mois0 mois
196463 ans62 ans et 9 mois3 mois
196563 ans et 3 mois62 ans et 9 mois6 mois
196663 ans et 6 mois62 ans et 9 mois9 mois
196763 ans et 9 mois62 ans et 9 mois12 mois
1968 et après64 ans62 ans et 9 mois15 mois

Les grands gagnants restent les personnes nées en 1968 et après, qui récupèrent une année et trois mois de retraite anticipée. Cela représente environ 600 000 personnes pour la seule génération 1964, selon les estimations gouvernementales citées par le négociateur CFDT Yvan Ricordeau.

Le casse-tête des trimestres : quelle grille appliquer ?

La suspension maintient-elle aussi la progression du nombre de trimestres prévue par la réforme de 2023, ou revient-on au calendrier Touraine ? Cette question technique n'a pas encore trouvé de réponse législative claire.

Scénario 1 - Maintien du calendrier 2023 :

  • Génération 1964 : 171 trimestres requis
  • Générations 1965-1972 : 172 trimestres
  • Impact : besoin d'une année supplémentaire de cotisation

Scénario 2 - Retour au calendrier Touraine :

  • Générations 1964-1969 : 170 trimestres
  • Générations 1970-1972 : 171 trimestres
  • Générations 1973 et après : 172 trimestres

Ce choix déterminera directement le montant de vos décotes ou surcotes. Un trimestre manquant peut représenter une décote de 0,625 % par trimestre, soit une baisse pouvant atteindre 25 % du montant de votre pension de base. Pour anticiper précisément votre situation personnelle selon ces différents scénarios, utilisez nos outils de calcul de retraite qui intègrent les dernières évolutions législatives.

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Combien coûte cette suspension aux finances publiques ?

Des chiffres qui s'envolent année après année

La Cour des comptes a publié en février 2025 des projections alarmantes sur le coût budgétaire d'une suspension. Les montants varient selon le scénario retenu, mais tous convergent vers un déficit massif :

AnnéeCoût annuelDéficit cumulé
2026400-500 millions €500 millions €
20271,8-3 milliards €3,5 milliards €
20304 milliards €15 milliards €
20355,8 milliards €40 milliards €

Ces estimations excluent l'inflation et n'intègrent pas les variables économiques majeures comme la croissance du PIB, l'évolution du taux d'emploi ou les gains de productivité. Le coût réel pourrait donc différer sensiblement, dans un sens comme dans l'autre selon la conjoncture.

Un régime déjà en déficit structurel

L'équation budgétaire devient explosive quand on sait que le régime des retraites affiche déjà un déficit de 15 milliards d'euros en 2025, sans même tenir compte de la suspension. Face à cette réalité, la Cour des comptes identifie quatre leviers compensatoires potentiels :

Les options sur la table :

  • Hausse des cotisations sociales → pèserait sur le pouvoir d'achat et la compétitivité
  • Baisse du montant des pensions → option politiquement explosive
  • Allongement de la durée contributive → décale le problème sur les jeunes générations
  • Augmentation de la fiscalité dédiée → nécessite de trouver des recettes nouvelles

Aucune de ces options n'est politiquement indolore. Suspendre la réforme sans régler le problème de fond revient à transférer la dette sur les générations futures. Pour anticiper l'impact sur votre pouvoir d'achat, découvrez comment les impôts évolueront pour les retraités en 2026.

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Quelles mesures positives de 2023 survivent à la suspension ?

Le sort des avancées sociales en question

La réforme de 2023 ne se limitait pas au recul de l'âge légal. Elle comportait aussi plusieurs dispositifs d'accompagnement salués par les partenaires sociaux :

Les avancées menacées :

  • Retraite progressive élargie : cumul emploi partiel et pension partielle dès 60 ans
  • Surcote majorée pour les mères : 5 % par année supplémentaire après le taux plein
  • Simplification handicap : réduction du nombre de trimestres requis
  • Revalorisation petites pensions : augmentation du minimum contributif
  • Carrières longues : assouplissement des conditions d'accès

Ces mesures restent applicables pour ceux qui en bénéficient déjà, mais leur avenir pour les nouvelles demandes reste flou. Les textes d'application de la suspension devront préciser ce point crucial dans les prochains mois.

L'enjeu est considérable : ces dispositifs représentent des avancées sociales concrètes qui compensaient partiellement le recul de l'âge. Les abandonner reviendrait à priver les futurs retraités de tout le volet "positif" de la réforme tout en conservant certaines contraintes.

Ce que disent les syndicats et les partenaires sociaux

Une victoire à relativiser selon la CFDT

Pour la CFDT, représentée par sa secrétaire générale Maryse Léon, cette suspension constitue un "très bon signal" sans être une victoire totale. Le syndicat estime que geler les paramètres jusqu'en janvier 2028 renvoie la responsabilité aux futurs dirigeants issus de la présidentielle 2027.

Cette stratégie assume ouvertement le caractère temporaire de la suspension. Elle reconnaît aussi implicitement qu'une réforme structurelle du système de retraite reste indispensable, mais qu'elle doit émerger d'un débat démocratique plutôt que d'un passage en force.

Les revendications syndicales qui persistent

Au-delà de la suspension, les organisations syndicales maintiennent leurs demandes de fond :

Le programme syndical complet :

  • Pénibilité : barème élargi de facteurs de risque professionnel
  • Carrières hachées : reconnaissance spécifique pour les femmes et précaires
  • Petites pensions : revalorisation systématique en lien avec le SMIC
  • Financement pérenne : nouvelles sources au-delà du recul de l'âge

Ces revendications figurent déjà dans le compte-rendu du conclave des retraites tenu en 2025, mais elles restent largement non satisfaites par la simple suspension de la réforme. Le dialogue social devra reprendre pour avancer sur ces sujets structurants.

AnnéeCoût de la suspensionDéficit cumulé
2026500 millions €500 millions €
20273 milliards €3,5 milliards €
20355,8 milliards €Environ 40 milliards €
Total avec effets de bord-13 milliards €

À lire : Gel des retraites 2025

Et après la suspension ?

Une solution temporaire en attendant 2027

Le sujet des retraites risque fort de cristalliser les débats de la présidentielle du printemps 2027. Les Français devront alors trancher entre différentes visions du système de retraite.

Les vraies questions qui restent sans réponse

Au-delà de l'âge de départ, plusieurs interrogations majeures demeurent :

  • Comment financer durablement un système par répartition avec une démographie vieillissante ?
  • Faut-il privilégier l'équité entre générations ou la soutenabilité financière ?
  • Quelles alternatives au recul de l'âge légal : augmentation des cotisations, baisse des pensions, fiscalité accrue ?
  • Comment prendre en compte la pénibilité et les carrières longues ?

Et après ? Les scénarios possibles pour l'avenir du système

La présidentielle 2027, juge de paix final

La suspension ne constitue qu'une pause dans un débat qui reviendra forcément sur la table. Tous les acteurs s'accordent sur un point : la prochaine élection présidentielle, prévue au printemps 2027, sera déterminante pour l'avenir du système de retraite français.

Les trois questions qui structureront le débat présidentiel :

  • Âge légal : maintien à 62 ans et 9 mois ou évolution progressive ?
  • Financement : comment combler le déficit structurel face au vieillissement ?
  • Capitalisation : quelle place pour l'épargne individuelle dans le système ?

Le système français pourrait basculer vers des modèles très différents selon le vainqueur : maintien renforcé du système par répartition avec hausse des cotisations, introduction d'une dose de capitalisation obligatoire, ou encore réforme paramétrique avec nouvel allongement de la durée de cotisation. D'où l'importance de ne pas rester passif face à ces incertitudes.

L'impératif d'une épargne retraite complémentaire

Face à l'instabilité des règles publiques et aux tensions budgétaires, constituer une épargne personnelle devient incontournable pour maintenir votre niveau de vie à la retraite. Votre pension légale, même à taux plein, ne représentera que 50 à 75 % de vos derniers revenus d'activité selon votre statut et votre carrière.

L'assurance-vie se positionne comme l'outil patrimonial le plus adapté pour préparer cette transition :

Les 4 piliers de l'assurance-vie pour la retraite :

AvantageBénéfice concret
Fiscalité progressiveAprès 8 ans : abattement de 4 600 €, ou 9 200 € pour un couplen sur les gains
Flexibilité des rachatsComplément de revenu mensuel via des rachats programmés
Transmission optimiséeAbattement de 152 500 € par bénéficiaire hors succession
DiversificationFonds euros sécurisés + unités de compte pour la performance

Chez Skarlett, nos conseillers patrimoniaux construisent avec vous une stratégie d'épargne adaptée à votre horizon retraite, votre profil de risque et vos objectifs de revenus complémentaires. N'attendez pas que les décisions politiques scellent votre avenir : prenez les devants dès maintenant.

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Les questions sans réponse qui subsistent

L'inquiétude des actifs nés après 1970

Si les générations 1964-1968 sortent clairement gagnantes de la suspension, qu'en est-il des plus jeunes actifs ? Pour ceux nés dans les années 1980 ou 1990, l'incertitude est totale et aucune visibilité n'existe sur les règles qui s'appliqueront à leur départ dans trente ou quarante ans.

Les interrogations des jeunes générations :

  • L'âge de départ restera-t-il figé à 62 ans et 9 mois sur le long terme ?
  • La durée de cotisation atteindra-t-elle 45 années (180 trimestres) ?
  • De nouvelles réformes interviendront-elles avant même leur départ ?

Cette génération cumule les handicaps : marché du travail précaire avec multiplication des CDD et périodes de chômage, carrières hachées rendant difficile l'accumulation de trimestres complets, immobilier inaccessible dans les grandes métropoles, et maintenant une retraite dont les règles changent tous les cinq ans. Pour eux, la constitution d'un patrimoine personnel via l'épargne et l'immobilier devient une nécessité vitale plus qu'une simple option de diversification.

La pénibilité, grande oubliée du débat

La suspension ne règle en rien la question de la pénibilité au travail, pourtant centrale pour des millions de Français. Les métiers physiquement éprouvants comme le BTP, l'industrie ou l'aide à la personne usent les corps bien avant 62 ans, rendant illusoire l'idée de travailler jusqu'à cet âge.

Les pistes jamais concrétisées :

  • Compte pénibilité universel : traçage objectif de l'exposition aux risques
  • Départ anticipé automatique : fin des parcours du combattant administratifs
  • Reconnaissance maladies professionnelles : compensation des années perdues
  • Formation après 50 ans : reconversion financée pour les travailleurs usés

Sans avancée concrète sur ce front, la suspension reste une mesure partielle qui ignore la réalité de certaines catégories professionnelles. Le plan Bayrou 2026 pourrait apporter des éléments de réponse, mais rien n'est garanti à ce stade.

Ce qu'il faut retenir de cette suspension historique

Les 6 points essentiels à mémoriser :

  • Suspension confirmée : âge légal figé à 62 ans et 9 mois avec 170 trimestres requis
  • Générations 1964-1968 : jusqu'à 15 mois récupérés, 600 000 bénéficiaires dès 2026
  • Coût budgétaire : 400 millions en 2026, 1,8 milliard en 2027, 13 milliards à long terme
  • Vote crucial : intégration au PLFSS 2026 avec risque de censure et chute de l'exécutif
  • Temporalité : mesure provisoire jusqu'à la présidentielle 2027, puis nouvelle réforme probable
  • Oubliés : personnes nées avant septembre 1961 et pénibilité non résolue

La suspension de la réforme des retraites n'est pour l'instant qu'une hypothèse, certes de plus en plus crédible, mais loin d'être définitivement actée. Les prochaines semaines seront décisives pour déterminer l'avenir du système de retraite français et savoir si cette mesure survivra aux tractations parlementaires.

Agissez maintenant pour sécuriser votre avenir

La suspension offre un répit bienvenu à des centaines de milliers de futurs retraités. Mais elle ne résout pas le problème de fond : la France n'a toujours pas trouvé l'équilibre financier durable de son système par répartition face au vieillissement démographique et à l'allongement de l'espérance de vie.

Votre double stratégie gagnante :

  • Court terme : suivez l'évolution législative et vérifiez votre relevé de carrière sur Info-Retraite
  • Moyen-long terme : construisez une épargne retraite complémentaire via des outils performants

L'instabilité des règles publiques ne doit pas vous paralyser. Au contraire, elle doit vous pousser à reprendre le contrôle de votre avenir financier en diversifiant vos sources de revenus futurs. Chaque année de cotisation compte pour votre pension légale, et chaque euro épargné tôt bénéficie de l'effet des intérêts composés sur plusieurs décennies.

Que vous soyez à 10, 20 ou 30 ans de la retraite, il n'est jamais trop tôt ni trop tard pour agir concrètement. La seule certitude dans ce débat mouvant : ceux qui auront préparé activement leur retraite vivront cette étape sereinement, quelles que soient les décisions politiques futures et les éventuels revirements législatifs.

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