Publication: 27 octobre 2025Modification: 17 novembre 2025
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Gel des retraites 2025 : la double peine qui frappe 14 millions de pensionnés
Pour la première fois, ni les retraites de base ni les pensions Agirc-Arrco ne seront revalorisées en 2025. Une perte de pouvoir d’achat qui frappe durement 14 millions de Français, de 150 à 400 € par an selon les profils.
Pourquoi vos pensions restent figées pour la première fois depuis 1987
Le gel des retraites de base : une décision budgétaire sous pression
Le gouvernement a annoncé le maintien des retraites de base au niveau actuel, rompant avec la tradition de revalorisation annuelle indexée sur l'inflation. Cette mesure, inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2025, vise à économiser 3,6 milliards d'euros sur les comptes publics.
Concrètement, alors que l'inflation moyenne devrait atteindre 1,8% en 2025 selon l'INSEE, les pensions de base versées par l'Assurance retraite, la MSA (Mutualité sociale agricole) et la CNRACL pour les agents publics hospitaliers et territoriaux ne bougeront pas d'un centime.
Les raisons invoquées :
Un déficit public qui dépasserait les 6% du PIB en 2025
La nécessité de respecter les engagements européens de réduction des déficits
Un contexte économique incertain avec une croissance atone
Pour mieux comprendre les mécanismes de calcul de votre pension, consultez notre page Calculer sa retraite.
Agirc-Arrco : la retraite complémentaire aussi dans la tourmente
Du côté de l'Agirc-Arrco, le gel n'est pas une décision gouvernementale mais le résultat d'une négociation entre partenaires sociaux. Le conseil d'administration du régime a officialisé l'absence de revalorisation pour le 1er novembre 2025, date habituelle d'ajustement des pensions complémentaires.
Cette décision s'inscrit dans un contexte financier particulièrement tendu. Les réserves financières d'Agirc-Arrco ont fondu de 15% entre 2023 et 2024, tandis que le ratio cotisants/retraités continue de se dégrader avec seulement 1,2 actif pour 1 retraité. L'augmentation du nombre de départs en retraite avec les générations du baby-boom accentue cette pression démographique. Selon les données officielles publiées par l'Agirc-Arrco, cette absence de revalorisation permettra de préserver l'équilibre financier du régime à moyen terme, mais impactera directement le pouvoir d'achat des bénéficiaires.
Pour anticiper votre départ et optimiser vos droits, découvrez notre guide sur l'âge de départ à la retraite.
Combien allez-vous perdre concrètement sur votre pension mensuelle ?
Impact chiffré selon votre niveau de pension
Le manque à gagner varie considérablement selon votre situation. Voici un tableau détaillé de l'impact du double gel sur différents profils de retraités :
Niveau de pension totale mensuelle
Perte annuelle estimée - inflation 1,8%
Perte sur 5 ans - cumul
1 200 €
216 €
1 296 €
1 500 €
270 €
1 620 €
2 000 €
360 €
2 160 €
2 500 €
450 €
2 700 €
3 000 €
540 €
3 240 €
À retenir
Plus votre pension est élevée, plus la perte en valeur absolue est importante. Cependant, les petites pensions subissent un impact proportionnellement plus lourd sur leur pouvoir d'achat quotidien.
Répartition entre retraite de base et complémentaire
Pour bien comprendre l'impact, il faut distinguer les deux composantes de votre pension. La retraite de base représente environ 50% de la pension totale pour un salarié du privé. Elle est versée par l'Assurance retraite (ex-CNAV), calculée sur les 25 meilleures années et plafonnée à 1 933,58 € par mois en 2024.
De son côté, la retraite complémentaire Agirc-Arrco constitue 40 à 50% de la pension totale. Basée sur un système de points, elle voit la valeur de son point gelée à 1,4159 € depuis le 1er novembre 2024, sans aucune revalorisation prévue en 2025.
Pour les agents publics, consultez notre guide spécifique sur la retraite fonction publique pour comprendre les spécificités de votre régime.
Les profils les plus impactés
Certaines catégories de retraités subissent un impact particulièrement sévère :
Les nouveaux retraités de 2025
Ils partent avec une pension déjà amputée et ne bénéficieront d'aucun rattrapage ultérieur. Cette génération subit de plein fouet les conséquences du gel dès le premier euro de pension perçu.
Les retraités modestes
Avec des marges budgétaires déjà réduites, chaque euro compte dans leur budget quotidien. La perte de 216 euros par an pour une pension de 1 200 € représente l'équivalent d'un mois de courses alimentaires.
Les couples avec deux petites pensions
L'effet cumulé amplifie significativement la perte de pouvoir d'achat du foyer. Un couple percevant chacun 1 500 € voit son budget annuel amputé de 540 euros.
Les retraités de moins de 75 ans
Plus exposés à une inflation durable sur leur durée de vie restante, ils subiront l'impact du gel sur une période beaucoup plus longue que leurs aînés.
L'Agirc-Arrco est le régime de retraite complémentaire obligatoire pour tous les salariés du secteur privé. Son fonctionnement repose sur un système par points relativement simple à comprendre.
Le principe en trois étapes :
Chaque mois, vos cotisations (vous + employeur) sont converties en points
À la retraite, vos points sont multipliés par la valeur du point
Le résultat donne votre pension mensuelle brute
Exemple concret : Si vous avez accumulé 5 000 points Agirc-Arrco et que la valeur du point en 2024 est de 1,4159 €, votre pension mensuelle brute s'élève à 707,95 €. C'est précisément cette valeur du point qui est gelée en 2025, empêchant toute progression de votre pension complémentaire.
Pour approfondir les mécanismes de la retraite complémentaire, consultez notre dossier complet avec simulateurs.
Pourquoi la valeur du point stagne ?
Trois facteurs expliquent le blocage de la valeur du point Agirc-Arrco :
Facteur
Impact
Évolution
Démographie
Ratio cotisants/retraités défavorable
-2% par an
Réserves financières
Fondent progressivement
-15% en 2024
Rendement des placements
Inférieur aux prévisions
+2,3% vs 3,5% attendu
Cette situation structurelle laisse présager d'autres gels potentiels dans les années à venir, sauf réforme majeure du système. Le vieillissement démographique s'accélère, avec davantage de départs en retraite que d'arrivées de nouveaux cotisants, créant un déséquilibre croissant. Parallèlement, les placements financiers du régime n'atteignent pas les objectifs de rendement fixés, réduisant les marges de manœuvre pour revaloriser les pensions.
Sept stratégies concrètes pour compenser la perte de pouvoir d'achat
Optimiser votre épargne avant la retraite
Si vous n'êtes pas encore retraité, vous disposez encore de leviers efficaces pour augmenter vos futurs revenus.
1. Maximiser vos trimestres
La première priorité consiste à sécuriser tous vos droits à la retraite. Rachetez les trimestres manquants avant 67 ans si cela s'avère rentable dans votre situation. Validez systématiquement vos périodes de chômage, maladie ou maternité qui sont souvent oubliées. Optimisez votre date de départ pour obtenir le taux plein et éviter toute décote. Chaque trimestre supplémentaire peut faire une différence significative sur le montant final de votre pension.
2. Booster votre épargne retraite
Le PER (Plan d'Épargne Retraite) permet de déduire jusqu'à 32 909 € de vos revenus imposables en 2024. Les versements bénéficient d'une fiscalité avantageuse pendant la phase d'épargne : plus votre tranche marginale d'imposition est élevée, plus l'économie d'impôt est importante. À la retraite, vous conservez la liberté de choisir entre une sortie en rente ou en capital selon vos besoins et votre situation patrimoniale.
3. Diversifier avec l'assurance vie
L'assurance vie reste un placement incontournable pour générer des revenus complémentaires à la retraite. Ses avantages sont multiples : une transmission facilitée avec des abattements généreux en cas de décès, une fiscalité attractive après 8 ans de détention avec un abattement annuel de 4 600 € pour une personne seule, et une souplesse totale dans le rythme de vos retraits pour adapter vos revenus à vos besoins.
Solutions pour les retraités actuels
Pour ceux qui sont déjà à la retraite, plusieurs pistes permettent de compenser la perte de pouvoir d'achat.
4. Générer des revenus complémentaires
Plusieurs options s'offrent à vous pour augmenter vos revenus mensuels :
Location d'une chambre chez vous : Jusqu'à 760 € par an exonérés d'impôts grâce au dispositif de la location meublée d'une partie de votre résidence principale
Cumul emploi-retraite : Sous conditions, vous pouvez reprendre une activité professionnelle tout en conservant votre pension
Monétisation de compétences : Proposez du consulting, des formations ou de l'accompagnement dans votre domaine d'expertise
5. Optimiser votre fiscalité
L'optimisation fiscale mérite toute votre attention pour préserver votre pouvoir d'achat. Vérifiez votre éligibilité à l'exonération de CSG si votre pension est inférieure à 12 230 € par an. Examinez si la déduction de vos frais réels peut s'avérer plus avantageuse que l'abattement forfaitaire de 10%. Profitez des crédits d'impôt disponibles : 50% pour les services à la personne, jusqu'à 30% pour certains travaux de transition énergétique.
6. Réduire les dépenses contraintes
Réduire vos dépenses contraintes libère une marge de manœuvre appréciable dans votre budget :
Renégociez systématiquement vos contrats d'énergie, d'assurances et de téléphonie : une simple mise en concurrence peut générer 300 à 500 € d'économies annuelles
Anticipez les travaux de rénovation énergétique en bénéficiant des aides MaPrimeRénov' qui peuvent couvrir jusqu'à 90% de l'investissement pour les ménages modestes
Mutualisez certains services avec d'autres retraités de votre entourage (covoiturage, achats groupés, abonnements partagés)
7. Sécuriser votre patrimoine
Dans un contexte de gel des pensions, sécuriser votre patrimoine devient stratégique. Le viager occupé peut permettre de débloquer du capital tout en continuant à vivre chez vous, avec une rente mensuelle garantie à vie. Les dispositifs de défiscalisation immobilière offrent des opportunités intéressantes selon votre situation (LMNP, déficit foncier). Dans tous les cas, constituez une réserve de précaution équivalente à 6 mois de dépenses pour faire face aux imprévus sans entamer votre capital à long terme.
Pour une analyse personnalisée de votre situation, notre équipe d'experts reste à votre disposition sur le magazine Skarlett.
Les partenaires sociaux et le gouvernement explorent plusieurs axes de transformation. La réforme paramétrique propose un ajustement progressif de l'âge et de la durée de cotisation pour rééquilibrer le système sans le bouleverser. La réforme systémique, qui viserait à fusionner les différents régimes, reste dans les cartons après la suspension du projet initial, mais n'a pas été définitivement abandonnée.
D'autres pistes incluent l'augmentation des cotisations d'environ 0,5 point pour les actifs, ainsi que la diversification des ressources du système par l'affectation de nouvelles taxes spécifiquement dédiées au financement des retraites. Ces différentes options font l'objet de négociations tendues entre les partenaires sociaux, sans consensus clair à ce stade.
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